Témoignage de Jean-Pierre: le combat d’un père
Jean-Pierre est l’heureux Papa de 7 enfants dont un avec autisme qui a aujourd’hui 18 ans. Il a dû comme tous les parents concernés gravir des montagnes (facile me direz-vous pour cet homme de Haute Savoie!) et surtout rencontrer des professionnels performants.
Il ne faut pas oublier que le diagnostic de son enfant date d’il y a près de 18 ans, et vous le verrez beaucoup de choses n’ont guère changé !
C’est un homme qui, après maintes pérégrinations, se consacre aujourd’hui aux personnes avec handicap de tout type au sein d’une MAS (maison d’accueil spécialisée) qui a su lui donner l’opportunité de s’en sortir et de se révéler…
Voici brièvement son histoire :
Maxime est son 4ème enfant. Rapidement, il se demande si son enfant n’est pas sourd. Un rendez-vous chez un bon pédiatre (1ère rencontre favorable!) l’oriente vers un jeune professeur (le Pr Vidaihlet : 2ème rencontre!) à l’hôpital de Nancy qui vient de mettre en place un secteur de diagnostic de l’autisme, une nouveauté à l’époque.
Maxime est donc diagnostiqué autiste à 18 mois ce qui même aujourd’hui relève du rêve. Et là commence le combat…
La mère est culpabilisée par des psychologues et traverse une phase extrêmement difficile, ce qui influe aussi sur le couple et donc la famille. Maxime est accueilli dans des établissements spécialisés toute la semaine et la famille a la chance de bénéficier d’une structure toute neuve et précurtrice à l’époque : la Maison du XXIème siècle avec Michel Creton (bien connu aujourd’hui ! Et 3ème rencontre importante!).
Maxime est donc un des premiers enfants à être accueilli par ce centre. Il suit des méthodes d’interventions très diverses : ABA, TEACCH particulièrement qui lui permettent de devenir autonome.
A 10 ans, c’est un enfant non verbal mais aujourd’hui, c’est un jeune adulte qui s’exprime et sait se faire comprendre!
Après, il a intégré un IME (institut médico-éducatif) dans les Vosges. Mais aujourd’hui, puisqu’il a atteint la majorité, l’IME n’est plus adapté à son développement et il faut donc que Jean-Pierre reparte en campagne pour trouver un internat pour cet adulte en devenir.
Après deux années d’acharnement, Maxime est intégré pour 90 jours par an dans un établissement de Haute Savoie très performant avec un psychologue belge utilisant la méthode SNOZELEN ce qui a énormément plu à ce père aimant.
Maxime attend aujourd’hui une intégration complète dans cet établissement afin d’éviter les aller-retours entre ce centre et l’IME des Vosges.
Aujourd’hui, Jean-Pierre n’a aucune peur sur l’avenir de son enfant ; il le sent heureux et épanoui, ces comportements problèmes diminuent avec le temps… C’est ce qu’il souhaite à tous les parents : être soulagé sur le futur de leurs enfants.
J’ai pu lors de notre discussion découvrir un être particulièrement humain dans sa vision des autres.
Après de nombreux changements de vie professionnelle et personnelle, c’est aujourd’hui un homme qui a trouvé sa voie : « celle d’aider les autres afin de remercier les personnes qui ont aidé le mien ». Il travaille aujourd’hui au sein d’une MAS thorens accueillant près de 200 résidents. C’est cette structure qui lui a permis de sortir d’une impasse personnelle (c’est la 4ème et dernière rencontre!).
Sa philosophie est pleine de bon sens et de tolérance et c’est ce qui m’a donné envie de vous en faire part. Nous sommes actuellement dans un conflit entre personnes de différentes écoles (psychanalyste contre comportementaliste) et même si 3 d’entre eux ont failli détruire la vie de sa femme, il ne fait aucun amalgame et sait encore ouvrir son cœur à des psy de bonne volonté. Il a eu au cours de notre entretien une très jolie phrase que je vous cite telle quelle :
« On finit toujours par trouver une utilité à tout. la France a du retard dans les méthodes de soins, mais l’avantage c’est la facilité à le rattraper puisque les autres ont travaillé pour nous ! »
Merci Jean-Pierre pour m’avoir permis de partager une tranche de ta vie et je souhaite que ton ouverture et ta tolérance inspirent les gens pour minimiser les conflits de méthodes et permettre d’avancer pour le bien de ces enfants et de leur famille.