Souvent, les écoles ordinaires amènent plus de souffrances que de bénéfices pour les enfants avec autisme ou TED car ils ne peuvent décrire cette souffrance et ont souvent des problèmes d’intégration.
En tant que parents, il est normal de vouloir privilégier l’intégration scolaire dans des écoles ordinaires en pensant que cela augmentera son intégration sociale. Mais il faut bien réfléchir aux avantages et aux inconvénients.
Intégration à tout prix
Il y a eu un mouvement de normalisation débuté en Scandinavie: des personnes en situation de handicap ont été retirées de grandes institutions centrées sur les soins et la garde. Mais ce mouvement a confondu le but et les moyens, le but étant l’intégration et non la normalisation de ces personnes!
En Italie, quasiment toutes les écoles d’enseignements spécialisés ont disparu pour « normaliser » les enfants dans l’enseignement traditionnel. Ces enfants étaient accompagnés par un personne non ou peu formée. Le résultat: l’enfant ne s’intègre pas, il est mis de côté afin de ne pas déranger les autres!
Dans les classes « normales », les enfants avec autisme risquent d’être négligés par les professionnels car ils n’offrent pas de réciprocité contrairement aux autres enfants.
Il est clair qu’arriver à scolariser son enfant dans une école ordinaire représente un succès à court terme mais qu’advient-il de l’apprentissage et de l’intégration de l’enfant à long terme?
La normalisation crée trop de distances entre ce qu’on voudrait et ce qui est possible de faire. Il ya trop de démarches administratives donc moins de temps à consacrer à l’enfant. Le résultat est la stigmatisation de ces enfants « anormaux » en les mettant dans un système normal. A nous d’admettre que ces enfants ne seront jamais dans les « critères » de la société et de leur donner la place qu’ils méritent avec leur différence.
Il faut aussi se méfier de l’enseignement spécialisé: les stratégies éducatives destinées aux personnes avec déficience mentale peuvent être très perturbatrices pour les personnes avec autisme.
Il n’y a évidemment pas de recettes miracles mais la clef est dans une société faite de compréhension et d’adaptation. Les meilleures des stratégies éducatives restent basées sur une évaluation détaillée, des moyens visuels, des récompenses, de la prévisibilité, de la cohérence, de la coordination et de la structure!
Un enseignement traditionnel demandera que les parents revoient tous les cours de l’enfant pour les adapter. L’école ne s’en chargera pas.
A mon avis, l’intégration ou l’inclusion n’est pas valable si l’enfant avec autisme doit s’adapter aux méthodes d’enseignement et aux programmes scolaires. Les problèmes de comportement risquent de causer des problèmes d’intégration. L’enseignement traditionnel ne tient pas cmpte de l’unicité et de l’inégalité de l’apprentissage de l’enfant avec TED. Le programme n’est pas assez cohérent ni intensif.
L’inclusion peut être valable sous certaines conditions:
- tous les professionnels sont formés à l’autisme
- la méthode et les programmes s’adaptent
- la coordination de la prise en charge est une priorité
- les apprentissages touchent la vie quotidienne
- les parents ont choisis cette option et ils sont soutenus par l’école
- les classes sont de 15 élèves maximum
- les professionnels peuvent faire appel à des consultants spécialisés pour les épauler
- les professionnels doivent avoir 1heure par jour et par élève avec autisme de préparation au minimum
- des volontaires assistent les professionnels
- la formation est régulièrement recyclée
- la direction de l’école soutient cette démarche
- tout le groupe scolaire est informé
- l’enfant doit avoir des prérequis d’attitudes sociales et savoir être attentif en groupe
Avantages des classes spécialisées dans l’autisme et les TED
- un investissement dans des formations plus enrichissantes et complètes car les TED est l’unique centre
- une garantie plus importante dans la continuité de la prise en charge
- un personnel ayant choisi de travailler avec ces enfants
- une réunion de moyens facilitée
- une possibilité pour la personne de s’intégrer dans un groupe de façon plus facile
- des soins à la carte
- une adaptation à l’individu du programme de travail
Le programme d’apprentissage doit contenir des sujets qui n’existent pas dans les écoles normales comme l’apprentissage de l’autonomie, des tâches ménagères, des moments de loisirs structurés…
Une bonne idée: l’intégration inversée!
L’enfant avec autisme reçoit un environnement et des activités qui sont un maximum adaptés à ses possibilités. Cela peut être une classe spécialisée dans une institution spécialisée ou une classe spécialisée dans une école traditionnelle. Cela dépend d’une décision individuelle fondée sur les caractéristiques uniques de l’enfant et sur la possibilité des parents.
Le but est d’intégrer l’enfant de façon progressive. Par exemple, une fois par semaine, un enfant neurotypique aura la possibilité de jouer avec un enfant avec autisme. Toute la semaine, il est préparé à cela. On lui apprend à jouer avec quelqu’un en partant du jeu qu’il préfère. Ensuite, l’environnement reste le m^me (jeu et classe) mais la variante est l’autre enfant. Cela l’amènera progressivement à prendre du plaisir à s’intégrer.
J’avoue avoir un faible pour cette idée qui a l’avantage d’adapter le personnel, l’environnement, les apprentissages, d’utiliser les forces de l’enfant en travaillant sur ses points faibles tout en permettant aux enfants neurotypiques de s’intégrer dans cet univers particulier. Cela leur permet de s’ouvrir aux différences, à la tolérance mais aux enfants avec autisme d’avancer et de s’intégrer à leur rythme.
Teacch et ABA datent (40 ans) si Schopler a relevé des cas de contre-productivité du mainstreaming et en a conclu à l'intéret du mainstreaiming inversé aujourd'hui on sait que ce raisonnement était basé à l'époque sur le retard de mentalité de l'environnement qui créait la difficulté d'une véritable inclusion en milieu ordinaire.
Développer une véritable inclusivité du milieu est la réponse moderne à cette problématique comme le révèle près de nous l'expérience italienne.